Bioéconomie
La bioéconomie est une approche théorique et pratique permettant de concilier l’activité économique avec les principes du vivant, et donc de sortir des apories de l’économie conditionnée par la croissance du PIB et de la dette écologique, sociale et financière.
Prenons par exemple le cycle de vie d’une canette de boisson pétillante. Sa production demande des ressources importantes en matières premières (aluminium, fabriqué à partir de la bauxite, eau, sucre, arômes) et en énergie (pour extraire l’aluminium de la bauxite, puis fabriquer la canette, et finalement transporter la boisson de son lieu de fabrication à ses points de vente, et de ceux-ci au domicile du consommateur, parfois en véhicule individuel. La boisson, qui passe parfois plusieurs jours en réfrigérateur, est consommée en quelques minutes, puis son contenant est jeté avec les « ordures ». En France, seulement 2 canettes sur 3 sont recyclées. Cela peut paraître important, mais cela signifie qu’au moins 1,5 milliards de canettes par an ne sont pas recyclés dans ce pays. Soit environ 34000 tonnes tonnes de déchets non recyclés pour ce seul usage.
Or la notion de déchets est inexistante dans le vivant. Tout ce qui « sort » d’une boucle de production-transformation-consommation naturelle sert de matière première à un autre organisme (animal, végétal ou champignon) et entre dans une autre boucle. À l’instar du fonctionnement des écosystèmes, la bioéconomie consiste à resynchroniser les cycles économiques (flux de matière, d’énergie et de valeur) aux cycles du vivant. C’est une réponse, simple dans son principe général, difficile dans son application, aux impasses de l’économie linéaire, tant elle se heurte à la logique financière, aux représentations et aux modes opératoires profondément ancrés dans nos sociétés. Dans notre exemple, une production locale de boisson, à partir de ressources locales (fruits, eau), couplée avec une réutilisation des contenants contribuerait à éliminer tout déchet, et à diminuer considérablement la dépense d’énergie liée à la production et au transport.
Avant d’être reprise par des institutions comme l’OCDE, la bioéconomie a été définie précisément par des économistes précurseurs d’une économie écologique (Nicholas Georgescu-Roegen et René Passet) comme la réponse à la nécessité de concilier l’activité économique avec les principe du vivant, et donc de vivre et de travailler dans les limites planétaires. Certains chercheurs (comme F. Capra ou J. Banyuls, fondatrice du biomimétisme, Bill Mollison et David Holmgren fondateurs de la permaculture) ont défini des principes servant d’idées régulatrices pour avancer dans cette voie. Une telle économie repose principalement sur la solidarité avec le vivant et entre les humains, et ceci sur le long terme.Elle suppose de donner de la valeur à ce qui fait une vie pleine et saine (le bonheur, les relations humaines, sur un socle de bien-être matériel minimal) plutôt qu’à l’accumulation de biens.
À leur façon, l’entrepreneuriat social, l’économie sociale et solidaire, le biocommerce éthique, et des approches comme l’économie circulaire ou l’économie collaborative, essaient de répondre à ces enjeux. Ces réponses sont souvent parfois partielles (comme dans une forme d’économie collaborative très capitalistique), parfois mieux intégrées. Les efforts à réaliser ne sont pas tant théoriques (effort de compilation et de vulgarisation élaboré par I. Delannoy avec l’économie symbiotique) que pratiques. Nous avons davantage besoin d’actions, d’expérimentation, de méthodes, d’accompagnement que de théorie. Pourtant, beaucoup d’efforts restent à faire pour introduire cette approche dans les organisations et sur les territoires.
En Guyane, l’émergence d’un cacao et d’un chocolat français durable
En 2020, Pierre Johnson a coordonné une étude pour le développement d’une filière « cacao et chocolat durables de Guyane », à la demande d’une entreprise mécène et de la Chambre d’agriculture de Guyane. Avec Cesar Paz, créateur de la coopérative Norandino au Pérou, nous avons rencontrés au début de l’année l’ensemble des producteurs et des acteurs susceptibles d’appuyer ce secteur. Réunis début novembre en atelier durant deux jours, les producteurs actuels et prospectifs et leurs appuis éventuels sont partagé leurs expériences et construit ensemble une vision pour l’avenir de la filière, un cacao et un chocolat d’excellence, fait en Guyane et donc en France. Premier bilan dans cet article.
De la peste au COVID-19 : santé humaine et écosystèmes
Santé humaine et écosystèmes : une relation d'interdépendance La pandémie actuelle nous rappelle que la santé humaine et celle des écosystèmes sont étroitement liés. Pendant des décennies, une partie des scientifiques, notamment dans le domaine médical, pensaient...
Le label Bio Français Équitable contribuera-t-il à faire avancer le bio français vers plus d’équité ?
La Fédération Nationale de l’Agriculture Biologique (FNAB) vient de lancer le label Bio Français Équitable. Cette initiative contribuera-t-elle à faire avancer le bio français vers plus d’équité ? Cet article analyse le contexte d’émergence de ce label, notamment les défis de l’agriculture biologique et du commerce équitable.
Chaines de valeur durables au Nord et au Sud du Ghana
En 2022, ma première mission de terrain m’a amené, avec une équipe coordonnée par le bureau d'études SOFRECO, au Ghana afin d'identifier, pour l’Union Européenne, des chaines de valeur pertinentes pour un nouveau projet au Nord du pays. S’y ajoutait une mission plus...
2022, une année d’activités intenses, entre crise et résilience
Le dérèglement climatique et l’effondrement de la biodiversité ont des conséquences de plus en plus visibles et dramatiques, du Sud au Nord, de l’Est à l’Ouest. Un conflit ouvert au Nord de l’Europe a des impacts sur la sécurité alimentaire au Sud du globe. Mais...
Artemisia annua, une plante entre médecine et politique
Contre le coronavirus, les pays africains peuvent-ils promouvoir un remède à base de plantes issu de la médecine traditionnelle ?
Beaucoup d’espoirs ont été placés sur la plante de l’espèce Artemisia annua. Son utilisation par les pays africains est-elle médicinale ou politique, ou les deux ?