Notre troisième chronique de l’Assemblée Européenne de l’Innovation Sociale (SOIA) à Amsterdam est consacrée aux réponses au gaspillage alimentaire.
Le cloud contre le gaspillage alimentaire
En Europe, 30% des aliments sont jetés sans être mangés.
Les causes en sont multiples, mais sont dues principalement au caractère normatif et accéléré de la vie sociale que nous menons. Ainsi, les fruits et les légumes tordues ou hors calibres sont jetés avant même de sortir du champ. Le gaspillage alimentaire est également énorme au niveau des points de distribution et de restauration. Les dates limite de vente ne correspondent pas aux spécificités des différente types de produits alimentaires ou autres. Nous avons pu constater que certains supermarchés, même bio, gèrent leurs stocks à l’emporte-pièce.
L’entrepreneuriat social peut-il être une solution à ce problème, aussi scandaleux qu’idiot (car le gaspillage est aussi économique) ?
Lors de l’Assemblée Européenne de l’Innovation Sociale en novembre 2013, Iseult Ward, jeune entrepreneuse sociale irlandaise, a présenté FoodCloud, une initiative vise à limiter le gaspillage alimentaire en utilisant le potentiel de mise en relation offert par les nouvelles technologies de l’information et de la communication. Concrètement, FoodCloud met en relation restaurants, marchés et supermarchés disposant de surplus encore comestibles mais proches de dates de péremption, ou bien de fruits et légumes abimés, par exemple, avec les associations caritatives qui peuvent proposer ces aliments encore bons et sains aux populations dans le besoin. Présentée par Iseult, jeune irlandaise, cette approche fait un usage intelligent et non intrusif des technologies mobiles (les fameuses « apps »), qui concrétise cette idée en un système agile et efficace.
Pommes volées
Les fruits non ramassés de certains jardins représentent dans certains pays et certaines régions un gisement non exploité non seulement pour la sécurité alimentaire, mais aussi pour l’emploi de personnes parfois éloignées du monde de travail.
Apleslang, « Pommes volées » en norvégien, est né du constat, fait par une des 3 filles d’Anne, fondatrice de l’entreprise, que la plupart des pommes des jardins particuliers d’Oslo n’étaient pas mangées. Elles sont au contraire parfois une nuisance en période de maturité, lorsqu’elles tombent et pourrissent dans les jardins ou les rues.
L’idée surgit alors de donner l’opportunité à des personnes atteintes de trisomie de travailler au ramassage de celles-ci, à leur transformation en jus, et à leur vente. Cette activité qui a déjà créé 4 emplois, permet aux personnes ayant se handicap de travailler à leur rythme, de s’ancrer de façon plus ou moins expressive dans la nature, sans que personne n’ai rien à redire. Aucun habitant d’Oslo n’a à ce jour demandé à ce qu’on lui paie ses pommes !
Exemple d' »innovation frugale », l’investissement personnel de Anne pour lancer ce projet a été de 2000 euros. Quand on sait que créer un emploi en France coute 100 000 euros au moins à la collectivité, on mesure l’intelligence de cette initiative.
Portraits SOIAeu © Pierre Johnson 3/4