Les Nations Unies ont consacré une année, 2010, à la biodiversité.  Mais celle-ci est le support permanent de la vie sur Terre.
Pourtant, les indicateurs économiques n’en prennent que pas ou peu compte.
En définitive, quelle est la valeur de la biodiversité pour l’économie ?

Des recherches récentes peuvent nous aider à appréhender cette question, qui nous oblige à quitter l’approche linéaire de l’économie classique.

Mais d’abord, quel est le sens précis du mot « biodiversité » ? Scientifiquement, celle-ci se définit comme « la variabilité des organismes vivants au sein d’une espèce, entre les espèces et entre les écosystèmes ». Plus simplement, on peut dire qu’il s’agit de l’ensemble des organismes vivants d’un écosystème et de leurs inter-relations.

Mais qu’est-ce qu’un écosystème ? La définitions scientifique nous guide à nouveau : il s’agit d »un complexe dynamique de populations végétales, animales et de micro-organismes, associées à leur milieu non-vivant et interagissant en tant qu’unité fonctionnelle ». Parmi les types d’écosystèmes les plus connus : les déserts, les récifs de corail, les zones humides, les forêts tropicales ou boréales, les prairies, mais aussi les écosystèmes dans lesquels l’être humain intervient, comme les terres agricoles cultivées. En réalité, il y a sur Terre peu d’écosystèmes non modifiés ou non perturbés par l’homme. Et un écosystème n’est jamais statique. Il survit en se modifiant continuellement en fonction de la dynamique de ses propres populations, du climat ou des écosystèmes proches.

Voici un texte de l’agence Dervenn du réseau Inspire, qui exprime la valeur de la biodiversité donc de la vie :

La biodiversité se résume souvent dans notre esprit à un panda, un dauphin ou un papillon. Mais malgré l’affection que nous pouvons leur porter, leur survie ne pèse pas lourd face aux réalités économiques, à la crise et au chômage. Cela peut paraitre légitime, sauf si l’on comprend que la biodiversité n’a rien à voir avec ces espèces au demeurant sympathiques.

La biodiversité est avant tout l’ensemble des écosystèmes et des relations entre les êtres vivants, qui nous fournissent les services indispensables à notre bien-être. Un récent rapport commandé par la commission européenne, et réalisée par un banquier Indien Pavan Sukhdev, montre que le coût de l’inaction pour lutter contre l’érosion de la biodiversité pourrait être de 2000 milliards d’euros par an d’ici à 40 ans.

La vie n’est pas un luxe : elle assure en effet l’essentiel des équilibres de la planète : cycle de l’eau, de l’oxygène, régulation du climat, lutte contre l’érosion, alimentation… et représente une véritable valeur économique, estimée à la moitié du PNB mondial. Nous le constaterons douloureusement lorsque les services rendus gratuitement par la nature ne seront plus assurés. Le remplacement des insectes pollinisateurs par des ouvriers humain dans certaines régions du monde en est le meilleur exemple.

Face à ce constat, il ne s’agit pas de culpabiliser, mais d’intégrer cette réalité dans les stratégies d’entreprises. Cela déterminera leur succès ou leur perte dans les futures années, en raison de la pression des consommateurs, de réglementations contraignantes, ou simplement de pénurie de matières premières naturelles, qui impactera l’ensemble de la chaîne de valeur. Les gestionnaires doivent donc anticiper ces risques et miser sur les opportunités. Pour cela, de nouveaux outils d’analyse bio-économiques sont en cours de développement. Ces indicateurs ne servent pas tant à mesurer des impacts que des liens d’interdépendance économiquement vitaux de l’entreprise avec le monde vivant, et remet ainsi l’humain dans sa réalité naturelle, qui ne peut être dissocié des autres écosystèmes.

La biodiversité ne représente pas un bien ou un mal, elle n’a aucune dimension éthique. Elle est juste indispensable, comme le sol qui nous porte, et représente une vraie valeur omniprésente dans tous les modèles économiques. La prendre en compte est simplement un acte de bonne gestion.

Les réflexions sur le vivant entraînent un changement de paradigme, véritable révolution positive, ou le moteur sera avant tout la valeur et le développement humain.

Pour en savoir plus sur les relations entre biodiversité et entreprises, en français :

Des référentiels permettant de mesurer l’interdépendance entre l’entreprise et la biodiversité sont en émergence :
  • L’outil ESR (Evaluation des Services Rendus par les écosystèmes), développé par le Conseil Mondial des Entreprises sur le Développement Durable (WBCSD) et traduit en français par l’Institut Inspire. Une session de formation à l’ESR aura lieu à Marseille fin juillet.
    Vous pouvez aussi rejoindre le groupe ESR sur le réseau professionnel LinkedIn.
  • Le référentiel Lichen, en cours de développement par l’entreprise Dervenn

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