La coopération comme levier d’innovation sociale
Le dynamisme et la pertinence des entrepreneurs sociaux sont apparus avec évidence dans la présence d’Ana Aguirre, Markel Gilbert Gutierrez et Iñigo Ibiriku, trois jeunes issus d’une promotion récente de l’Université Mondragón. L’Université Mondragón appartient au conglomérat de la Mondragón Cooperative Corporation, la plus grande et emblématique d’Espagne et peut-être d’Europe. La Corporation Mondragón a autant d’entreprises que le marché Albert Cuypstraat d’Amsterdam a de stands (plus de 300).
Au dîner, Ana nous explique que malgré cette position vénérable, l’entreprise Fagor, fondatrice du groupe, déjà en grande difficulté, a fermé ses portes laissant un bilan de 1800 emplois perdus (voir ce reportage de France 24). En effet, le marché des équipements électro-ménagers, la spécialité de Fagor, est en baisse importante, la population s’équipant de moins en moins. L’explication me parait un peu courte. Dans un contexte économique changeant, être partie d’un groupe coopératif ne devrait pas enlever à une entreprise la capacité d’innover. La situation de Mondragón illustre également les tensions sociales et les changements au sein de l’économie sociale dans le contexte actuel, marqué par une persistance des politiques orientées vers le court terme et la segmentation des enjeux.
Pourquoi pas ?
Quoi qu’il en soit de la situation du groupe Mondragón, c’est le modèle coopératif qu’ont choisi les 3 jeunes issus de l’Université Mondragón pour développer leur activité de promotion de l’innovation sociale. Leur enthousiasme est largement communicatif. Leur coopérative se nomme Tazebaez, expression basque qui signifie « Pourquoi pas ?« .
La relation humaine dans le travail, et la communication inter-personnelle sont les éléments les plus importants susceptibles de catalyser l’innovation sociale. Testée en Chine, en Espagne et ailleurs, cette approche inter-personnelle et intelligente, Slow pourrait-on dire du conseil et de l’accompagnement d’entreprise vers des modèles plus coopératifs et plus durables, a été un des éléments encourageant des changements remarquables dans certaines entreprises conventionnelles approchées. Un dialogue social a été par exemple enfin établi entre travailleurs chinois et cadres occidentaux d’une grande entreprise établie en Chine.
Portraits SOIAeu © Pierre Johnson 2/4