En juin 2019, une mission nous a été confiée via Tero par l’Agence Française de Développement, pour l’Union des Comores. Il s’agissait d’étudier la faisabilité d’un projet de 4 ans pour le développement des filières de rente (huile essentielle d’ylang ylang, vanille et clou de girofle, principalement) et des filières maraichères sur les deux îles les plus peuplées du pays : la Grande Comore (Ngazidja) et Anjouan (Nzwani).

Comme socio-économiste du développement, Pierre Johnson a élaboré le diagnostic des filières en question ainsi qu’un plan pour leur développement en qualité et en quantité. Pour ce faire, avec le reste de l’équipe (3 consultants internationaux et une consultante agronome comorienne, contractée par Tero), il a interrogé des acteurs de toutes ces filières, ainsi que des représentants d’institutions, d’ONGs, d’entreprises et d’autres organisations.

 

Un atelier présentant les résultats provisoires a eu lieu le 2 août, et un atelier de validation du diagnostic et des propositions le 2 septembre 2019. Le projet est en cours d’instruction à l’Agence Française de Développement, et doit démarrer début 2020.

Les filières de rente envisagées correspondent à des produits «traditionnellement» exportés par les Comores, et pour lesquels le pays présente un avantage comparatif. Ce sont les 3 filières qui subsistent de l’époque pendant laquelle les colons français exploitaient plus de 34 espèces différentes de plantes pour l’exportation. Pour autant, le développement de l’huile essentielle d’ylang ylang, de la vanille et du clou de girofle représentent des enjeux très différents :

 

Avec environ 70 tonnes exportées par an, les Comores est le principal producteur, à l’échelle mondiale, d’huile essentielle d’ylang ylang, principalement utilisée en parfumerie. Le développement de cette filière pose la question de son impact environnemental, du fait de l’énergie-bois nécessaire à la distillation. Notre précédente étude précise l’enjeu de cet impact.  Un 2e enjeu est l’équilibre de la filière, depuis la cueillette des fleurs jusqu’à l’exportation et l’importation d’huile essentielle. Enfin, le produit exporté n’est pas toujours exempt de frelatage.

 

 


Grâce au terroir local, la vanille comorienne est également d’excellente qualité, peut-être la meilleure du monde. Mais les plants de vanille sont aussi victimes de maladies virales et fongiques. La production de lianes saine et l’assainissement des terrains infectés apparaissent donc comme une priorité au cours des prochaines années, avant même de redresser la production, divisée par 5 ou 8 au cours des 15 dernières années du fait d’une baisse drastique des cours initiée vers 2003. Un plan d’action vigoureux permettra d’intéresser les jeunes à cette culture qui peut être rémunératrice, et de desserrer la concentration des acteurs à l’exportation.

 

Le clou de girofle est la principale recette d’exportation des Comores, mais la produit n’est pas qualifié (qualité moyenne non documentée pour les producteurs), et les conditions de récolte sont dangereuses sur des arbres de 10 à 15 mètres, jamais élagués. Le développement de ce secteur demande un travail important sur la qualité du produit et la structuration des producteurs.

 

 

Les enjeux des cultures maraichères, essentiellement investies par les femmes, sont assez différents, même si ces cultures sont complémentaires des cultures de rente. L’accès à l’eau, au petit outillage, et aux marchés locaux sont des éléments nécessaires.

D’autres cultures représentent un potentiel important aux Comores, tant pour leurs usages locaux (culturel, alimentaire, cosmétiques) qu’à l’exportation. Des recommandations en ce sens ont été relayées dans le cadre de la préparation du projet.

 

Un plan d’action, un cadre logique et un budget détaillé pour le projet ont été proposés à l’Agence Française de Développement et au Ministère de l’Agriculture des Comores, pour une mise en place début 2020.

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