Lundi 26 et mardi 27 novembre 2013 avait lieu à Amsterdam la première Assemblée Européenne de l’Innovation Sociale (SOIA). Organisée par Fay Divina, cet événement, unique en son genre, a rassemblé une centaine d’innovateurs sociaux venus des 4 coins de l’Europe, et même d’Amérique du Nord et du Sud. Les thématiques choisies allait des approches et des histoires d’entrepreneuriat social aux conditions favorisant son développement et aux questions de gouvernance. Des entrepreneurs sociaux, quelques académiques et des financiers étaient présents.
Situé sur un canal du centre de la ville, ressemblant à un cabaret parisien ou berlinois, l’Odéon a offert une scène appropriée pour cet événement à la fois inspirant, riche et apprenant.
La première richesse était, ici comme ailleurs, l’humain.
C’est pourquoi, avant de revenir sur les enseignements de l’Assemblée Européenne de l’Innovation Sociale et sur les concepts d’innovation sociale et d’entrepreneuriat social, nous proposons au public francophone une série de portraits d’entrepreneurs sociaux, jeunes et plus mûrs.
Je commence aujourd’hui par l’un des entrepreneurs sociaux dont la biographie m’avait le plus impressionné, et qui a été un de mes colocs à Amsterdam pendant l’événement : Lain Heringman.
Lain Heringman a démarré sa carrière de serial entrepreneur social dans une ville du Mexique chère à mon cœur, Oaxaca. Il a compris que le tourisme pouvait constituer un levier intéressant de développement, et a alors co-fondé Investours. qui a également développé des projets en Tanzanie. La mise en place d’un business plan permettant d’articuler tourisme responsable et micro-crédit fut ensuite à l’origine de la création de Bloom Microventures.
Au cours de cette Assemblée Européenne d’Innovation Sociale, Lain nous a transmis son enthousiasme à entreprendre en Amériques et en Asie, sa perspicacité, qualité que je retrouverais chez la plupart des entrepreneurs sociaux présents à cette Assemblée d’Innovation Sociale, mais aussi son sens de l’urgence des défis auquel l’Humanité fait actuellement face.
La session sur les Limites Planétaires a été l’occasion d’aborder ce thème de l’urgence d’agir.
En 1972, déjà, le rapport du Club de Rome annonçait que si notre économie continuait à suivre sa trajectoire d’alors, un «effondrement» de la civilisation était prévisible au milieu de ce siècle. L’actualisation de ce rapport par D. Meadows 30 ans et 40 ans plus tard permet de cibler 2030 comme le moment critique où ce basculement peut avoir lieu si nous n’agissons pas maintenant. Une session parallèle traite des aspects sociaux, en se concentrant sur la question de l’habitat.
Le dessin ci-dessus reflète la variété des solutions et des initiatives proposées par l’entrepreneuriat social (habitat groupé, etc.), dans ce domaine comme dans d’autres.
Agir sans attendre d’atteindre les limites de l’acceptabilité sociale et des systèmes planétaires de support de vie, c’est l’impulsion des entrepreneurs sociaux. Le parcours éclectique et impressionnant de Lain (musicien, photographe) ne l’a pas empêché d’être efficace. Cet esprit d’entreprise est souvent aussi un esprit d’équipe et de groupe, comme nous le verrons dans les exemples développés dans les prochains jours. L’esprit d’équipe se reflète bien sur le site de Bloom Microventures, confondé par Lain.
Portraits SOIAeu © Pierre Johnson 1/4