La pistache est le fruit à coque le plus précieux de la Méditerranée. Saviez-vous que cette amande verte, qui sublime les pâtisserie au Sud et à l’Est de la Méditerranée est originaire de Perse ? Depuis le boycott du régime iranien, des entrepreneurs américains se sont lancés dans la production massive de pistaches et d’amandes, souvent au détriment de leur qualité et des prix aux producteurs. Mais à Gafsa, une province du Sud de la Tunisie où l’on peut encore nager aux beaux jours dans des termes romains, la culture de ce fruit à coque a pris beaucoup d’élan au cours des dernières années, du fait d’un climat adapté, de subventions à l’investissement agricole, et d’un rendement assez intéressant.

Pistache de Gafsa

Le succès que doit la pistache auprès des agriculteurs du Sud de la Tunisie vient de son prestige, mais aussi du fait que le pistachier est l’arbre fruitier le plus économe en eau, le rendant très intéressant pour les zones arides. Cependant, la Tunisie importe plus de pistaches qu’elle n’en exporte. C’est pour comprendre cette situation, et y trouver des solutions stratégiques qu’un bureau d’études nous a mandaté en juillet 2023 pour une mission financée par l’Union Européenne dans le cadre du programme IRADA.

Une analyse multi-dimensionnelle de cette chaine de valeur (fonctionnelle, économique, sociale, environnementale) nous a permis de dégager les éléments pour concevoir une stratégie et un plan d’actions permettant de dégager plus de revenus pour les producteurs et leurs organisations, des emplois mieux payés pour les cueilleuses et d’autres prestataires, un produit de meilleure qualité, et une chaîne d’approvisionnement plus fiable et qualitative pour les pâtissiers tunisiens valorisant ce produit. Notre mission ne s’est pas arrêtée au stade de l’analyse, mais a posé des jalons pour donner l’impulsion à cette dynamique, et à créer des liens avec les acheteurs.

Le diagnostic de la chaine de valeur a révélé qu’un des principaux freins à ce développement était l’état encore peu développé de l’organisation collective des producteurs pour la collecte et la commercialisation des pistaches, et donc la place prise par les intermédiaires à ces fonctions, aux dépens de l’équilibre économique des producteurs et de la condition sociale des cueilleuses. La comparaison des différents segments de marché des pistaches en Tunisie a montré que le segment qui payait le mieux les producteurs était la pâtisserie, plutôt que la confiserie ou le marché des fruits secs en épicerie. Des contacts ont donc été établis avec les pâtissiers de Sfax, avec qui nous avons longuement échangé.

Le plan d’action prévoit des actions complémentaires, qui doivent agir en synergie pour créer une nouvelle dynamique par :

  • Le renforcement des capacités commerciales des organisations de producteurs agricoles (OPA), par la structuration des fonctions de collecte des pistaches sèches auprès des producteurs, leur dépulpage, séchage et décorticage pour préparer des produits finis pour différents segments de marché. La mise en contact des OPA avec les pâtissiers tunisiens d’une part, et une banque leur permettant d’obtenir des crédits de campagne, d’autre part, doit permettre à celles-ci de concrétiser les opportunités commerciales que représente un produit cueilli et transformé avec qualité.
  • L’amélioration de la qualité, de la productivité, et la prise en compte de l’impact environnemental positif compte avec l’appui d’un écosystème institutionnel (développement et formation agricole notamment) très impliqué dans le développement de la filière. Les pépiniéristes, notamment, doivent pouvoir documenter et garantir les variétés commercialisées, et les fournisseurs d’intrants proposer des produits et services correspondant à une agriculture biologique.
  • La collaboration entre les acteurs de la chaine de valeur s’avère donc fondamental pour un développement dynamique, durable et équitable de la chaine de valeur. La valorisation des sous-produits, pulpes et coques, notamment, offrent également des opportunités de développement économique pour d’autres acteurs. Des actions de progrès ont été définies, de la régularisation du statut des cueilleuses à l’agroécologie, en passant par la mesure des impacts sur l’environnement, pour les améliorer plus encore.

 

 

 

En synthèse : L’état encore peu développé de l’organisation collective des producteurs pour la collecte et la commercialisation des pistaches, et la place prise par les intermédiaires constituent actuellement le principal obstacle au développement durable de cette chaine de valeur. Ces conclusions et le plan d’action partagé avec les organisations et le programme de l’Union Européenne illustre la pertinence de l’approche transdisciplinaire des chaines de valeur.

 

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