En 2015, un nouveau label de commerce équitable a vu le jour en France, le Symbole des Producteurs Paysans (SPP). Quelles sont les caractéristiques de cette nouvelle certification, et pourquoi vient-elle enrichir le panorama de la certification équitable ?

Un besoin d’équité dans le commerce international

Plus de 95% des Français de d’autres Européens ont entendu parlé du commerce équitable, ce «partenariat commercial fondé sur le dialogue, la transparence et le respect (…) offrant meilleures conditions commerciales et garantissant les droits des producteurs et des travailleurs marginalisés, tout particulièrement au Sud de la planète.» Ce nouveau mouvement économique a connu une croissance soutenue des ventes de produits labellisés depuis une trentaine d’années, et de beaux exemples de développement local voire régional dans certains pays du Sud, du Pérou en Afrique du Sud, en passant par l’Inde et le Vietnam. Mais globalement, les inégalités économiques n’ont cessé de croître au niveau mondial, avec 85 milliardaires possédant la moitié de la richesse mondiale, et au sein même des pays dits émergents. Tout aussi inquiétant, les accords de partenariat économique signés entre pays de niveau de richesse différents (Europe – Afrique) ou similaires (Europe – Amérique du Nord), risquent de détricoter encore un peu plus les systèmes de protection sociales et sanitaires des pays signataires.

Image humoristique : «Faites des efforts !»

Comment le commerce équitable a-t-il évolué, pour répondre à cette vague de croissance des inégalités ? Tout d’abord, en développant de nouvelles filières labellisées, comme le cacao, le thé, la banane, les épices ou le coton. Après 40 ans d’existence, le commerce équitable touche environ 2 millions de producteurs, soit sans doute près de 10 millions de personnes, moins de 0,01% des échanges internationaux, et environ 6 milliards d’euros de vente. Cette évolution quantitative s’est accompagnée d’une évolution quantitative qui ne favorise pas nécessairement le basculement vers une économie mondiale plus juste. Depuis les années 2000, les organisations de petits producteurs latino-américains dénoncent l’ouverture de filières labellisées proposant des produits issus de plantations appartenant à des grandes propriétaires faisant travailler des salariés et des agriculteurs sous contrat, aux dépens, argumentent-ils, des petits producteurs organisés. Ajoutons que le pilier politique du commerce équitable (visant à faire évoluer les règles du commerce international) est depuis des années le parent pauvre de l’action des instances internationales de commerce équitable.

Fort du constat mentionné plus haut, les petits producteurs latino-américains, bénéficiant d’un mouvement coopératif structuré, rappellent que le commerce équitable se réfère couramment aux petits producteurs organisés collectivement, et par là même porteur d’une économie avec d’autres valeurs. Les plantations privées, même lorsqu’elles développent des pratiques plus responsables, n’ont pas ce pouvoir de transformation des relations économiques. En 2006, la Coordination Latino-Américaine des Producteurs du Commerce Équitable présentait à un Congrès de Tourisme Solidaire et de Commerce Équitable au Mexique leur Symbole des Producteurs Paysans (SPP), témoignant du respect de ces valeurs historiques. En 2010, ce symbole a pris le statut de label de commerce équitable, avec un cahier des charges rigoureux, garanti par des organismes de certification bio. Ce nouveau label vient enrichir l’offre de certification en commerce équitable (au label Fairtrade s’est déjà ajouté au cours des 10 dernières années les labels Ecocert Equitable, Fair for Life, Fairwild, etc.). Il a trouvé un écho du côté des acheteurs, auprès d’opérateurs organisés en coopératives, ou partageant les valeurs de l’économie sociale et solidaire. En France, la centrale d’achat Ethiquable, une coopérative, et les Café Michel se sont engagés auprès de la fondation portant le label SPP, et ont contribué à son inauguration en France le 18 février 2015, et à la création de l’association en assurant le relais dans le pays.

Logo_SPP_Fr

Il reste à savoir comment les consommateurs recevront ce nouveau label. Sur un marché de niche, la concurrence entre les labels de commerce équitable est-elle favorable au mouvement, ou lui porte-t-elle au contraire préjudice ?

Risque de confusion (cf. question 2).

Questions pour la label SPP :

  • Pourquoi un nouveau label ? Pourquoi pas un Système de Garantie Participatif ? Avancée, mais on ne rompt pas avec la logique des labels.
  • Pourquoi limiter le «Symbole des Producteurs Paysans'» aux producteurs du Sud du monde ? Pourquoi ne pas l’élargir aux producteurs du monde entier, et inclure dans le cahier des charges les circuits courts ?

Le SPP a pour but de revenir aux fondamentaux des principes et valeurs du commerce équitable.

 

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