Une expérience passionnante

 

En juin 2017, j’ai été invité par le Comité du Thé de l’Association Chinoise pour la Promotion de la Coopération Internationale Agricole à participer au jury du Concours International du Thé pour l’Asie et le Pacifique. Ce jury devait sélectionner les thé à récompenser pour le Salon International du Thé et de la Culture d’Emeishan, dans le Sichuan, début juillet.

Emeishan est l’une des trois régions de production de thé de qualité dans la province du Sichuan, au Sud-Ouest de la Chine. C’est un massif montagneux sacré  dans la religion bouddhiste, culminant à 3 099 mètres, et souvent couvert d’une brume mystérieuse. Le climat chaud, subtropical et modérément humide est idéal pour l’expression des meilleurs arômes du théier, poussant à des altitudes de  1 000 à 2 200 mètres. Le Sichuan est une des quelques provinces méridionales chinoises dans lesquelles le thé a été originellement cultivé, probablement comme plante médicinale, il y a plus de 3 000 ans.

Faire partie du jury dans un des principaux concours de thé en Chine était un véritable honneur et une expérience passionnante à plusieurs niveaux : culturel, social et sensorielle, notamment. Parmi les membres de ce concours figuraient trois célèbres experts chinois du thé, M YU Ganting, notre doyen et expert respecté au niveau national, M LU Chenyin, M FENG Huasiong, président du Comité du Thé, et six étrangers : Marco Bertona, un expert italien, formé et diplômé comme expert de troisième niveau en Chine,  M. Sheshkanta Gautam, directeur du Bureau Népalais du Thé et du Café (le Népal produit d’excellents thé), John Gore, directeur de l’Institut de Recherche sur le Thé du Kenya, Sharyn Johnston, fondatrice des Maîtres Australiens du Thé et Alexis Kaae, fondatrice de l’Association Danoise du Thé, deux femmes qui dirigent avec succès leur entreprise de distribution de thé dans leur pays natal ou adoptif, important du thé de qualité d’une diversité de pays asiatiques. Selon Sharyn, on trouve en Chine les meilleurs thé au monde, même si ceux-ci trouvent difficilement leur chemin vers d’autres pays, en dehors d’autres pays d’Asie de l’Est.

Quatre critères de base s’appliquent à l’évaluation du thé en Chine:

    1. L’apparence des feuilles sèches,
    2. L’apparence de l’infusion (robe, limpidité, etc.),
    3. L’odeur et l’apparence des feuilles infusées,
    4. Le goût de l’infusion elle-même.

Suivant les normes d’évaluation du thé en Chine, tous les thés sont infusés avec de l’eau bouillante, pendant 4 à 5 minutes selon le type de thé évalué. Les feuilles sèches fournissent des informations sur la qualité de la cueillette et de la sélection du thé, l’infusion doit être « vive » et en adéquation avec le type de thé infusé, les feuilles humides fournissent des informations précieuses sur les arômes exprimés par les feuilles de thé, ainsi que de possibles indices d’une sur-oxydation des extrémités. L’analyse gustative se fait une fois l’infusion refroidie. Elle fournit des indications sur l’astringence et l’acidité, notamment. Comme pour le vin, seule une petite quantité de liquide est mise en bouche, et après quelques tasses, le nouveau membre du jury comprend pourquoi même cette petite quantité est crachée dans les corbeilles posées à intervalles réguliers le long des tables de dégustation.

Un expert chinois de premier plan donne la première évaluation suivant chaque critère pour chaque thé, les autres membres du jury indiquent sur la feuille commune un différentiel à cette note. Notre expert-guide était M. LU. Globalement, et les notes allaient de 80 à 96, avec des différentiels de -2 à +2.

Pour ce concours, nous avons testé plus de 180 thé différents pendant un total de 6 heures, avec une majorité de thés verts, plusieurs thé rouges (appelés thés noirs en Occident) des thés wulong (oolong), ainsi que quelques thés post-fermentés et une poignées d’infusions florales et plantes médicinales. Nous fournirons dans un prochain article des informations sur les catégories de thé utilisées en Asie pour les lecteurs qui ne les connaissent pas. Les thés verts étaient de différentes formes et couleurs, parmi lesquelles j’ai pu reconnaître des thés de Longjin et d’Anji. Certaines feuilles étaient bouclées, d’autres droites, leur couleur allaient du vert très clair, comme les bourgeons et premières feuilles du thé d’Anji, qui sont presque blanches quand elles sont humides, au vert foncé. Les thés rouges étaient aussi de plusieurs types différents, souvent partiellement jaunes, un signe d’oxydation réussie. Les thés PuEr post-fermentés étaient présentés suivant la forme compressée qu’ils ont en galettes ou tablettes, et trois d’entre eux dans un petit agrume, sans doute du yuzu.

La plupart des thés goûtés étaient d’une qualité supérieure, qu’il serait très difficile de trouver à la vente à l’étranger. Quelques uns, probablement moins de 5%, avaient un goût déplaisant, et 2 ou 3 des wulong avaient un léger arrière-goût de charbon, ce qui était sans doute l’indice d’une légère imperfection du processus de transformation. Mais la qualité des thés sélectionnés étaient globalement excellente.

Participer à un jury de thés chinois est une expérience incroyable et passionnante pour le véritable amateur de thé. La Chine est le lieu d’origine et la vraie patrie du thé. Le pays produit des centaines de thés différents, qui sont aussi différents l’un de l’autre par leur variété, leur terroir, leur processus de transformation et leur savoir-faire que des vins différents le sont en Europe.

Le résultat de ce concours a été révélé et les trophées donnés au Salon International du Thé et de la Culture d’Emeishan (July 6-9th). Huit médailles d’or et 75 médailles d’argent ont été distribuées. Pendant cet important salon, qui contribuait à la stratégie des « Nouvelles Routes de la Soie »  (« One Belt One Road ») du gouvernement chinois, j’ai également donné une présentation sur « Le thé chinois, les normes et les marchés Européens pour le développement durable ». Cette présentation devrait être disponible ultérieurement en ligne, si suffisamment de personnes le demande. Seriez-vous intéressé(e) ?


Lire aussi : Conférence sur les marchés biologiques européens à l’expo China Anji Bai (Cha White Tea). En anglais.

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